Rochet Schneider Autocar torpédo

Véhicule de la marqueRochet Schneider

Autocar Rochet-Schneider, de type Torpédo

De camion, je devins autocar pour gravir la route de Corps à la Salette

Je suis un bel exemple des autocars alpins construits entre les deux guerres mondiales

Mais, à ma sortie d’usine en 1928, j’étais un camion fabriqué par les établissements Rochet-Schneider de Lyon… jusqu’en 1937, année au cours de laquelle mon nouveau propriétaire, Monsieur Alphonse Péllissier, hôtelier restaurateur au « Nouvel Hôtel » au Corps (village situé à l’extrémité Sud du département de l’Isère), me fit transformer en autocar à Grenoble par la carrosserie locale « Chaboud » située rue Ampère.
J’allais servir à transporter les clients de son hôtel, des pèlerins en fait, jusqu’au sanctuaire de La Salette.

Ma caisse de type « torpédo » (toit entièrement découvrable) est en frêne recouvert de tôles d’acier.
Mon premier moteur (à essence) était un Rochet-Schneider) de 4 cylindres et mon système de freinage est (encore aujourd’hui) à tambours commandés par des tringles !
Peu après ma nouvelle vie d’autocar, M. Alphonse Péllissier constata que mon moteur n’était pas assez puissant pour parcourir 15 km séparant Corps de la Salette… avec un dénivelé moyen de 900 mètres !
Du coup, j’ai hérité d’un deuxième moteur, plus puissant de 95 cv et 6 cylindres, de marque « Delahaye » à essence également, monté par le Garage Rivière de Corps.
…mais vers 1970 ce second moteur rendit son dernier souffle. Il fut remplacé par un « Ford 490 » de 170 cv, 6 cylindres, à essence, prélevé sur un camion Berliet GAK 619 qui avait 20 000 km dans les soupapes.

La Vierge (de La Salette) devait bien protéger ses pèlerins, car malgré un chemin étroit, qui plus est mal empierré, longeant des précipices et agrémenté de redoutables descentes… je n’ai jamais eu d’accident en 20 ans de service ; tout juste quelques crevaisons causées par des éclats de roche. C’est pour cela que je suis équipé de roues simple à l’arrière, les pneus jumelés étant plus vulnérables, car les pierres coupantes pouvaient se coincer entre les roues.

Le trajet Corps / sanctuaire de La Salette, je l’effectuais en 50 minutes à l’aller… mais il me fallait 1h30 pour en redescendre car je ne devait pas trop compter sur mes freins. En effet, la sécurité reposait uniquement sur le bon usage du frein moteur, mais mon chauffeur était un expert !
J’allais aussi quelques fois jusqu'à Grenoble récupérer à la gare des clients de l’hôtel.

Hélas, ma carrière dut s’arrêter au début des années 1960 à la suite de la construction de la belle route qui permet aujourd’hui aux grands autocars d’aller jusqu’au sanctuaire, depuis toute l’Europe !

Nous étions 6 ou 7 autocars de mon genre dans les bonnes années à assurer les trajets au départ de Corps.
Depuis notre mise à la retraite nous sommes plus que deux à couler des jours heureux, ne manquant pas une occasion de montrer sur toutes les routes de France que nous avons encore bonne roue / bon phare, enfin … bon pied / bon œil !

Par exemple, le 9 janvier 2016, la chaîne nationale de télévision « France 5 » a diffusé un reportage sur moi, dans son émission « Echappées Belles ». On me voyait parcourir une partie de la Route des Grandes Alpes, conduit par Gérard Péllissier, fils de mon premier propriétaire, afin de rappeler qu’autrefois de tels véhicules transportaient des milliers de touristes sur nos routes de montagne !
Une des séquences télévisuelles me montrait encore tout frais, après avoir gravi le col de l’Iseran à 2770 mètres d’altitude !

En 2017, mon propriétaire Gérard a apporté quelques modifications à mon système de freinage, afin de rouler en toute sécurité : il m’a équipé d’un ralentisseur et d’un frein hydraulique.

Texte : copie de la fiche accompagnant le véhicule à Epoqu’auto Lyon 2018.

  • Nationalité :France
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